Incontournable
article | Temps de Lecture15 min
Incontournable
article | Temps de Lecture15 min
De haut en bas, des fossés au chemin de ronde, le végétal est présent partout au château d'Angers ! Vous avez l’âme d’un botaniste, un penchant romantique, un côté photo-addict ou êtes simplement à la recherche d’une ombre fraîche ? Votre bonheur est dans nos jardins...
Qui dit château, dit Moyen Âge. Sur les remparts, remontez le temps et découvrez les plantes et méthodes de culture médiévales sur les anciennes plateformes d'artillerie où des jardins ont désormais remplacé les canons...
Le jardin suspendu et ses petits parterre bordées de santoline rappelle les jardins clos médiévaux où poussaient les plantes médicinales.
Flânez le long des carrés de simples ou parmi les rosiers et les lys délicats, deux fleurs symboliques liées à la figure de la Vierge à qui les jardins étaient dédiés au Moyen Âge.
Ce lieu qui invite à la rêverie offre aussi une vue imprenable sur le cœur du château et son architecture des XIVe et XVe siècles.
© Bernard Renoux / Centre des monuments nationaux
Vous pourrez y découvrir des plantes liées à la Tapisserie de l'Apocalypse ou à l'architecture gothique du château :
À côté de ce jardin bucolique, la promenade sur le chemin de ronde dévoile d'autres trésors.
Une parcelle de chenin blanc fait honneur à un cépage emblématique de l'Anjou qui entre dans la composition de plusieurs assemblages réputés. Ouvrez l'œil : certains pieux et piquets de vigne sont en ardoise. Cette matière première est disponible directement sous nos pieds à Angers. Grâce à sa couleur sombre, elle capte la chaleur de la journée et la restitue dans le sol pendant la nuit.
Depuis le chemin de ronde, vous pourrez apercevoir aussi le potager du château et sa serre ancienne : c'est là que sont effectuées toutes les pousses de semis pour les plantations des jardins du monument. Les carrés de terre entourés de plessis rappellent quant à eux les méthodes de culture médiévales.
© Emma Fonteneau / Domaine national du château d'Angers
© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux
© Margaux Rispal / Domaine national du château d'Angers
Vous avez plutôt envie d’aventure ? Traversez tel un valeureux chevalier le sous-bois du talus arboré !
Vous y croiserez des genêts, en hommage au comte d’Anjou Geoffroy Plantagenêt, ou encore des arbres méridionaux rappelant que le roi René était aussi... comte de Provence.
Micocoulier ou encore abricotier précoce de Saumur : certaines essences que vous croiserez lors de votre visite rappellent l'importance du roi René dans l'histoire horticole de l'Anjou. Ce prince amateur de botanique y a acclimaté au XVe siècle des plantes méridionales alors inconnues sous cette latitude !
© Emma Fonteneau / Domaine national du château d’Angers
Quand on arrive au château, on ne peut pas les manquer ! Les jardins dans les fossés attirent l'œil des curieux et l'objectif de ceux qui veulent rapporter un souvenir iconique de leur visite. Avec leurs broderies qui rappellent les jardins classiques parfois dits "à la françaises", ils sont en fait les plus anciens jardins du château d'Angers.
Aménagés dans la première décennie du XXe siècle par la Ville dans le cadre de ses projets d'embellissement urbain, ces jardins d'ornement occupaient à l'origine l'intégralité des fossés.
Ils sont aujourd'hui "la" carte postale d'Angers !
Ces jardins "hors les murs" ne sont ouverts que ponctuellement à la visite mais se laissent admirer toute l'année depuis le haut des remparts du château.
© Emma Fonteneau / Domaine national du château d'Angers
L'histoire du château d’Angers et de ses jardins est donc bien loin de se résumer au Moyen Âge ou au seul roi René.
De l’Antiquité à aujourd’hui, de nombreux jardins, vivriers ou d’agrément, se sont probablement succédé à l’intérieur de la place-forte. Mais la longue histoire et les affectations successives du site (forteresse royale, palais princier, prison, arsenal, camp militaire pendant les deux guerres mondiales…) ont effacé toute trace de ce patrimoine paysager et végétal.
On connaît la présence de quelques-uns de ces jardins à l’intérieur du château par les comptes et inventaires du roi René ou par les archives militaires des siècles suivants, mais sans qu’on ne puisse toujours dire leur localisation exacte ou leur forme paysagère précise.
© Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, MS-6436 (105), édité en 1787
D'autres sont mieux documentés... mais n'ont jamais existé !
C'est le cas d'un projet de 1912 de la Ville d'Angers qui ambitionnait de créer un parc à l'anglaise à l'intérieur du château. Une idée contrariée par l'abandon par la Ville du rachat du château à l'Etat, puis par les deux guerres mondiales qui redonnèrent à la forteresse une valeur stratégique et un usage militaire.
© Archives municipales de la Ville d'Angers
© Archives municipales de la Ville d'Angers
Les jardins à l'intérieur de l'enceinte ont tous été plantés entre 1945 et 2021, à partir de la mise en tourisme du monument qui commence après la Libération.
Entièrement recréés, ils ont été conçus pour dialoguer avec l’histoire et les collections du monument (le jardin médiéval, la figure du roi René, la Tapisserie de l'Apocalypse, l'architecture...) mais offrent aussi une vision artistique contemporaine du paysage.
© Yann Monel / Centre des monuments nationaux
Dans la cour, l'ensemble paysager qui va du talus arboré contre le rempart au jardin régulier de carreaux en passant par le mail de tilleuls a été créé en 1945. Il offre au visiteur qui descend du chemin de ronde une progression symbolique.
Depuis une ambiance sombre de sous-bois qui mime une nature libre et sauvage, le promeneur avance sous le couvert plus lumineux des tilleuls. Ces arbres d'alignement marquent déjà la présence du jardinier qui façonne son environnement.
Il arrive enfin dans la clarté du jardin régulier et de ses topiaires
. Cet espace presque cubiste évoque les jardins de carreaux de la Renaissance, mais aussi la forme du jardin médiéval : un carré traversé par deux allées forment une croix à l'intersection de laquelle une fontaine est évoquée par les ifs taillés en topiaire.
Au pied du logis royal ou devant la galerie de l’Apocalypse, c’est la couleur qui est à l’honneur. Et pas n'importe laquelle, la couleur... locale !
Domaine national, le château d’Angers est un monument ancré dans son territoire. Membre du pôle de compétitivité Végépolys, il participe à valoriser la recherche et la production horticole locales par la présentation de collections d'obtention angevine ou de plantes innovantes créés par l’INRAE.
© Emma Fonteneau / Domaine national du château d’Angers
En 2015, un jardin de collection a été créé au pied du logis royal : une centaine de pieds d’hortensias "Angers Val de Loire®" rendent hommage à la recherche de pointe en horticulture et aux producteurs régionaux.
En 2026, les visiteurs pourront découvrir la roseraie du château au pied de la galerie de l'Apocalypse transformée : elle présentera exclusivement des rosiers d’obtention angevine et produits sur le territoire, avec des variétés liées aux personnages historiques du monument. Ce projet est mené avec un rosiériste angevin des Rosiers-sur-Loire.
© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux
Le château a plus de mille ans, mais il vit avec son temps !
À l’abri des hauts murs de schiste de la forteresse, nos nombreux espaces paysagers sont bichonnés par nos jardiniers.
Entretien des jardins sans produits phytosanitaires, tontes raisonnées, fauche tardive, valorisation des tailles pour créer des refuges à la microfaune, nichoirs… Depuis plus de 15 ans, ils ont mis la protection de la biodiversité au cœur de la politique d’entretien des jardins.
Cet engagement et ces efforts quotidiens valent au monument un label "Refuge pour la protection des oiseaux" et "refuge chauve-souris".
© Julien falsimagne / Centre des monuments nationaux
Depuis quelques années, les jardiniers du monument ont également dû penser les adaptations nécessaires au changement climatique et notamment au manque d’eau.
En 2025, le plan de fleurissement des jardins des fossés a aussi été repensé afin de rendre cet espace plus résilient face à la sécheresse en y introduisant une part plus importante de matières minérales. Une pratique par ailleurs plus fidèle à l’art classique des jardins dits « à la française ».
© Emma Fonteneau / Domaine national du château d’Angers
Pour faire une pause, ou bien prendre la pose, vous l’avez compris : un tour dans nos jardins s’impose ! À chaque saison, il y a toujours de quoi s’émerveiller.
Et si la balade dure un peu trop, des transats vous attendent tout l’été sur notre mail de tilleuls. Vous aurez même peut-être la chance de voir pousser là... des orchidées sauvages !
© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux