Incontournable

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Flâner dans les jardins

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De haut en bas, des fossés au chemin de ronde, le végétal est présent partout au château d'Angers ! Vous avez l’âme d’un botaniste, un penchant romantique, un côté photo-addict ou êtes simplement à la recherche d’une ombre fraîche ? Votre bonheur est dans nos jardins...

Aux racines de l'histoire

Qui dit château, dit Moyen Âge. Sur les remparts, remontez le temps et découvrez les plantes et méthodes de culture médiévales sur les anciennes plateformes d'artillerie où des jardins ont désormais remplacé les canons...

Mignonne allons voir...

Le jardin suspendu et ses petits parterre bordées de santoline rappelle les jardins clos médiévaux où poussaient les plantes médicinales

Flânez le long des carrés de simples  ou parmi les rosiers et les lys délicats, deux fleurs symboliques liées à la figure de la Vierge à qui les jardins étaient dédiés au Moyen Âge. 

Ce lieu qui invite à la rêverie offre aussi une vue imprenable sur le cœur du château et son architecture des XIVe et XVe siècles. 

dans le jardin médiéval, deux allées se croisent formant une croix. des roses blanches illuminent les verts de gris des végétaux et en arrière plan la chapelle et le châtelet se détachent
Le jardin suspendu

© Bernard Renoux / Centre des monuments nationaux

Vous pourrez y découvrir des plantes liées à la Tapisserie de l'Apocalypse ou à l'architecture gothique du château : 

  • la garance, une plante tinctoriale qui produit un pigment rouge et servait à teindre la laine au Moyen Âge
  • l'arbre de Judée ou "arbre aux milles écus" qui est représenté sur les images de la tapisserie
  • ou encore l'acanthe et ses feuilles si caractéristiques que l'on retrouvent sculptées sur les frises ou les culots aux retombées des voûtes dans le logis royal du XVe siècle
  • et bien d'autres encore !
     
vue sur les bâtiments avec l'arbre de judée au premier plan
Vue depuis le jardin suspendu sur l'intérieur du château. Au premier plan, les branches d'un arbre de Judée et ses feuilles rondes caractéristiques.

© Emma Fonteneau / Domaine national du château d'Angers

À côté de ce jardin bucolique, la promenade sur le chemin de ronde dévoile d'autres trésors.

Une parcelle de chenin blanc fait honneur à un cépage emblématique de l'Anjou qui entre dans la composition de plusieurs assemblages réputés. Ouvrez l'œil : certains pieux et piquets de vigne sont en ardoise. Cette matière première est disponible directement sous nos pieds à Angers. Grâce à sa couleur sombre, elle capte la chaleur de la journée et la restitue dans le sol pendant la nuit.

Depuis le chemin de ronde, vous pourrez apercevoir aussi le potager du château et sa serre ancienne : c'est là que sont effectuées toutes les pousses de semis pour les plantations des jardins du monument. Les carrés de terre entourés de plessis rappellent quant à eux les méthodes de culture médiévales.

Dans la forêt lointaine

Vous avez plutôt envie d’aventure ? Traversez tel un valeureux chevalier le sous-bois du talus arboré

Vous y croiserez des genêts, en hommage au comte d’Anjou Geoffroy Plantagenêt, ou encore des arbres méridionaux rappelant que le roi René était aussi... comte de Provence.

Micocoulier ou encore abricotier précoce de Saumur : certaines essences que vous croiserez lors de votre visite rappellent l'importance du roi René dans l'histoire horticole de l'Anjou. Ce prince amateur de botanique y a acclimaté au XVe siècle des plantes méridionales alors inconnues sous cette latitude !

taillis de genêts en fleurs et bâtiments en arrière-plan
Les genêts en fleurs sur le talus du rempart sud

© Emma Fonteneau / Domaine national du château d’Angers

Des jardins du XXe siècle

Dans les fossés, des jardins historiques

Quand on arrive au château, on ne peut pas les manquer ! Les jardins dans les fossés attirent l'œil des curieux et l'objectif de ceux qui veulent rapporter un souvenir iconique de leur visite. Avec leurs broderies qui rappellent les jardins classiques parfois dits "à la françaises", ils sont en fait les plus anciens jardins du château d'Angers

Aménagés dans la première décennie du XXe siècle par la Ville dans le cadre de ses projets d'embellissement urbain, ces jardins d'ornement occupaient à l'origine l'intégralité des fossés. 

Ils sont aujourd'hui "la" carte postale d'Angers

Ces jardins "hors les murs" ne sont ouverts que ponctuellement à la visite mais se laissent admirer toute l'année depuis le haut des remparts du château.

Vue de la forteresse de l'extérieur avec ses tours et ses jardins réguliers à ses pieds
La porte des champs et le jardin de broderie à ses pieds dans les fossés

© Emma Fonteneau / Domaine national du château d'Angers

Un paradis perdu...

L'histoire du château d’Angers et de ses jardins est donc bien loin de se résumer au Moyen Âge ou au seul roi René. 

De l’Antiquité à aujourd’hui, de nombreux jardins, vivriers ou d’agrément, se sont probablement succédé à l’intérieur de la place-forte. Mais la longue histoire et les affectations successives du site (forteresse royale, palais princier, prison, arsenal, camp militaire pendant les deux guerres mondiales…) ont effacé toute trace de ce patrimoine paysager et végétal. 

On connaît la présence de quelques-uns de ces jardins à l’intérieur du château par les comptes et inventaires du roi René ou par les archives militaires des siècles suivants, mais sans qu’on ne puisse toujours dire leur localisation exacte ou leur forme paysagère précise.

plan dessiné du château montrant plusieurs types de jardins
Plan géométral du château d’Angers. Sur ce plan du XVIIIe siècle, plusieurs jardins peuvent être identifiés à l'intérieur de l'enceinte et dans les fossés

© Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, MS-6436 (105), édité en 1787

D'autres sont mieux documentés... mais n'ont jamais existé

C'est le cas d'un projet de 1912 de la Ville d'Angers qui ambitionnait de créer un parc à l'anglaise à l'intérieur du château. Une idée contrariée par l'abandon par la Ville du rachat du château à l'Etat, puis par les deux guerres mondiales qui redonnèrent à la forteresse une valeur stratégique et un usage militaire.

...et retrouvé

Les jardins à l'intérieur de l'enceinte ont tous été plantés entre 1945 et 2021, à partir de la mise en tourisme du monument qui commence après la Libération. 

Entièrement recréés, ils ont été conçus pour dialoguer avec l’histoire et les collections du monument (le jardin médiéval, la figure du roi René, la Tapisserie de l'Apocalypse, l'architecture...) mais offrent aussi une vision artistique contemporaine du paysage.

vue aérienne de la cour du château et de ses nombreux jardins
Vue aérienne de la cour du château

© Yann Monel / Centre des monuments nationaux

Dans la cour, l'ensemble paysager qui va du talus arboré contre le rempart au jardin régulier de carreaux en passant par le mail de tilleuls a été créé en 1945. Il offre au visiteur qui descend du chemin de ronde une progression symbolique

Depuis une ambiance sombre de sous-bois qui mime une nature libre et sauvage, le promeneur avance sous le couvert plus lumineux des tilleuls. Ces arbres d'alignement marquent déjà la présence du jardinier qui façonne son environnement

Il arrive enfin dans la clarté du jardin régulier et de ses topiaires . Cet espace presque cubiste évoque les jardins de carreaux de la Renaissance, mais aussi la forme du jardin médiéval : un carré traversé par deux allées forment une croix à l'intersection de laquelle une fontaine est évoquée par les ifs taillés en topiaire.
 

vue aérienne des toitures du logis royal et des jardins
Vue aérienne du jardins régulier (au centre), du mail de tilleuls (à droite) et du talus arboré (en arrière-plan)

© Yann Monel / Centre des monuments nationaux

Des jardins face aux défis d'aujourd'hui

Des hortensias, par centaines !

Au pied du logis royal ou devant la galerie de l’Apocalypse, c’est la couleur qui est à l’honneur. Et pas n'importe laquelle, la couleur... locale ! 

Domaine national, le château d’Angers est un monument ancré dans son territoire. Membre du pôle de compétitivité Végépolys, il participe à valoriser la recherche et la production horticole locales par la présentation de collections d'obtention angevine ou de plantes innovantes créés par l’INRAE. 

fleur d'hortensias dont la robe offre un dégradé de rose au crème
Hortensia Vanille Fraise®

© Emma Fonteneau / Domaine national du château d’Angers

En 2015, un jardin de collection a été créé au pied du logis royal : une centaine de pieds d’hortensias "Angers Val de Loire®" rendent hommage à la recherche de pointe en horticulture et aux producteurs régionaux.

En 2026, les visiteurs pourront découvrir la roseraie du château au pied de la galerie de l'Apocalypse transformée : elle présentera exclusivement des rosiers d’obtention angevine et produits sur le territoire, avec des variétés liées aux personnages historiques du monument. Ce projet est mené avec un rosiériste angevin des Rosiers-sur-Loire.

hortensias bordant un mur au pied d'une tour
Le jardin d'hortensias entre le logos royal et la tour du Moulin

© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux

Environnement et biodiversité

Le château a plus de mille ans, mais il vit avec son temps ! 

À l’abri des hauts murs de schiste de la forteresse, nos nombreux espaces paysagers sont bichonnés par nos jardiniers

Entretien des jardins sans produits phytosanitaires, tontes raisonnées, fauche tardive, valorisation des tailles pour créer des refuges à la microfaune, nichoirs… Depuis plus de 15 ans, ils ont mis la protection de la biodiversité au cœur de la politique d’entretien des jardins. 

Cet engagement et ces efforts quotidiens valent au monument un label "Refuge pour la protection des oiseaux" et "refuge chauve-souris".

un jardinier du château taille à la cisaille des buis
Portrait d'un jardinier du château d'Angers réalisé dans le cadre de la campagne photoghique "les métiers du CMN" de 2022

© Julien falsimagne / Centre des monuments nationaux

Depuis quelques années, les jardiniers du monument ont également dû penser les adaptations nécessaires au changement climatique et notamment au manque d’eau.

En 2025, le plan de fleurissement des jardins des fossés a aussi été repensé afin de rendre cet espace plus résilient face à la sécheresse en y introduisant une part plus importante de matières minérales. Une pratique par ailleurs plus fidèle à l’art classique des jardins dits « à la française ».

brouette dans les jardins suspendus
Le jardin suspendu du Domaine national du château d'Angers

© Emma Fonteneau / Domaine national du château d’Angers

Conseil de visite

Pour faire une pause, ou bien prendre la pose, vous l’avez compris : un tour dans nos jardins s’impose ! À chaque saison, il y a toujours de quoi s’émerveiller.

Et si la balade dure un peu trop, des transats vous attendent tout l’été sur notre mail de tilleuls. Vous aurez même peut-être la chance de voir pousser là... des orchidées sauvages !

visiteurs installés dans des transats aux couleurs acidulées sous l'ombre fraîche des tilleuls
Coin détente installé chaque été sur le mail de tilleuls

© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux

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