Incontournable

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Un tour à la Porte des champs...

Vue en contre-plongée de la porte des champs, depuis le fond des fossés. Entre les deux tours qui encadrent la porte, à plusieurs mètres de hauteur, on aperçoit la herse. Le pont qui permettait autrefois de la rejoindre a aujourd’hui disparu.

C’était l’entrée principale du château d'Angers au Moyen Âge ! Explorez l’intérieur de ses tours : ce condensé d’architecture militaire garde aujourd’hui bien des secrets d’Histoire...

Le point névralgique de la forteresse

Une entrée royale...

La porte des champs, située aujourd’hui au fond du monument, était l’entrée principale du château.  

La forteresse était positionnée en bordure de la ville au Moyen Âge, dans le prolongement du grand mur d’enceinte qui entourait Angers. Ainsi, l’un des côtés du château donnait sur l’intérieur de la ville close : c’est l’entrée actuelle du monument, appelée “Porte de Ville”. L'autre côté donnait sur l’extérieur de la ville : c’est la “Porte des champs”.

La porte des champs se distingue du reste de la forteresse par l’emploi massif du calcaire dans sa construction. La couleur blanche de ce matériau lui donne ainsi tout le prestige qui sied à l’entrée des princes ! 

Face à nous se dresse les deux tours circulaires de la porte des champs qui forme un de angles de la forteresse. Sur la gauche on distingue trois autres tours circulaires de l’enceinte, et sur la droite deux autres tours circulaires. Les hauts murs entre les tours sont construits dans la pierre grise locale, le schiste ardoisier. Les tours, également construites en schiste, portent quant à elles un motif de rayures blanches sur toute leur hauteur. Ce motif est composé par l’alternance de schiste et de pierre calcaire blanche. Les deux tours de la porte des champs se distinguent des autres par l’emploi exclusif du calcaire pour ses deux tiers inférieurs. Entre ces deux tours qui sont plus resserrées que les autres, on aperçoit une porte, à plusieurs mères au-dessus du sol. Des profonds fossés nous séparent de la forteresse. Le fond des fossés est aménagé avec des allées et des jardins aux formes géométriques composés de buis taillées et de parterres. A l’extrême gauche de l’image, un rideau d’arbre longe les fossés.
La porte des champs, vue depuis l’extérieur du château et les actuels boulevards.

© Romain Veillon / Centre des monuments nationaux

... bien gardée !

Qui dit porte dit... danger ! La porte est une brèche dans l’enceinte : il faut donc la défendre. Et la porte des champs est un modèle du genre ! À l’extérieur, de profonds fossés et des archères ralentissent la progression des ennemis.  

À l’intérieur, barrant l’entrée, deux grilles en bois appelées “herses”, sont abaissées. La deuxième grille, plus en retrait sous la porte️, a aujourd’hui disparu mais on peut encore deviner son emplacement.  

Des deux herses de la porte des champs, une seule nous est donc parvenue. Etudiée par les archéologues, elle s’est révélée être la plus ancienne que l’on soit parvenue à dater dans un château français !

Découvrir la herse la plus ancienne de France

Nous voilà à l’intérieur du château, sous la voûte de la porte des champs. Devant nous, la herse se découpe à contre-jour. Parallèle à la herse, et plus proche de nous, on devine l’emplacement de la deuxième herse, matérialisé par la fente toujours visible qui lui permettait de coulisser de haut en bas.
La porte des champs, vue depuis l’intérieur du château.

© Emma Fonteneau / Domaine national du château d’Angers

Entre les deux herses, attention la tête ! Un assommoir  attendait les éventuels ennemis... Enfin, de grands vantaux  aujourd’hui disparus étaient rabattus. Ce système ingénieux de double-herses et assommoirs est typique des portes des châteaux de cette époque !

Vue en contre-plongée, au pied de la herse, depuis l’intérieur de la porte des champs : juste au-dessus de nous, une cavité sombre nous domine : c’est l’assommoir.
Levez les yeux : entre la herse toujours en place et l’emplacement de la deuxième aujourd’hui disparue, un assommoir attend les ennemis.

© Emma Fonteneau / Domaine national du château d’Angers

Explorez les tours

Une fois devant la herse, ne faites pas demi-tour tout de suite ! De chaque côté, les deux grandes tours sont ouvertes à la visite. Vous pourrez accéder au rez-de-chaussée et au premier étage. À l’intérieur, ouvrez l’œil ! De magnifiques sculptures ornent la retombée des voûtes. 

Plutôt chic, non, pour des salles des gardes ?

Et avez-vous remarqué que certaines des grandes archères qui permettaient de tirer à l’arc ont été élargies ? Ces modifications datent du XVIe siècle, à l’époque où l’on transforme le château pour la guerre de canons !

Découvrir l'histoire du monument

Dans un angle de mur, au niveau d’un culot (c’est à dire la console qui permet de réceptionner et de soutenir une des retombées de la voûte d’ogive), un élément décoratif est sculpté. C’est un visage. Le personnage porte une sorte de chaperon ou de cagoule et semble avoir les yeux clos. On distingue le haut de son buste qui semble porter une veste matelassée. Le nez de la sculpture est endommagé. Le tout est sculpté dans une pierre calcaire de couleur blonde.
Tête sculptée dans une des tours de la porte des champs.

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Scrutez les murs : à la Révolution, le château a servi de prison ! Dans l’une des tours de la porte des champs, des graffitis laissés par les enfermés sont encore visibles. On peut reconnaître le dessin d’un bonnet phrygien

Le dessin représente une sorte de niche gravée dans la pierre. A l’intérieur de la niche, en haut, un bonnet phrygien vu de profil est sculpté en bas-relief. On le reconnaît notamment à sa forme caractéristique due à sa pointe recourbée vers l’avant. Au-dessus de ce graffiti, on en distingue un autre ; c’est un nom qui est gravé : WILFRIED”.
Graffiti représentant un bonnet phrygien, dans l’embrasure d’une meurtrière de la porte des champs.

© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux

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