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De la laine, de la dextérité et… de la patience ! Voilà les ingrédients pour fabriquer une tapisserie. La tapisserie de l’Apocalypse fut tissée en 7 ans, dans un atelier qui comptait de nombreux artisans. Sur leurs grands « métiers », les « liciers » ont enchaîné les « duites », joué des « chinés », fait rouler les « ensouples », avant une « tombée » qui dut être magistrale. Vous n’avez rien compris à cette dernière phrase ? C’est normal : la tapisserie c’est aussi une langue bien particulière. Pas de panique on vous explique tout !
1- Si tu n’as pas de boîte en carton, imprime le « Gabarit cadre à tisser » sur une feuille A4 et reporte-le sur le carton. Évide la partie centrale au cutter pour créer un cadre.
2- Sur deux des faces opposées de la boîte ou du cadre, trace des repères tous les 1,5 cm et entaille le carton sur ces repères.
3- Monte la « chaîne » en partant du haut avec un fil de laine (ou une ficelle type ficelle de cuisine) en passant le fil dans les encoches faites précédemment. Fais en sorte d’avoir un nombre pair de fils de chaîne sur ton métier.
La chaîne est le fil de laine qui sert de squelette à la tapisserie. C’est le support au tissage. Tu peux le faire de n’importe quelle couleur : à la fin du tissage il ne se verra plus.
SUR NOS PHOTOS LA CHAÎNE EST JAUNE.
Les matériaux qui vont maintenant te servir à tisser vont composer ce qu’on appelle les « fils de trame ».
SUR NOS PHOTOS LES FILS DE TRAME SONT ROUGES ET VERTS.
4- Compose des « écheveaux » avec tes fils de trame, c’est-à-dire des petits amas de fils que tu pourras facilement passer entre les fils de chaîne.
Normalement, on enroule le fil autour d’une petite bobine en bois que l’on appelle une « flûte » ou une « broche ».
5- Démarre d’une des extrémités : avec un fil de trame passe dessus-dessous les fils de chaîne. Pour t’aider, tu peux tirer doucement sur les fils de chaîne sous lesquels tu veux passer.
Quand tu es arrivé au bout, tu as fait ce qu’on appelle « une passée ».
6- Tasse le fil de trame vers le bas avec tes doigts afin de bien recouvrir le fil de chaîne.
Pour tasser le fil, on utilise normalement un « peigne » en bois.
7- Une fois arrivé au bout, il faut recommencer dans l’autre sens mais en inversant le « dessus-dessous » : les fils de chaîne sous lesquels tu étais passé, tu vas maintenant passer au-dessus, et inversement. Pour cela il faut bien faire attention au moment où tu fais demi-tour à enrouler ton fil de trame autour du dernier fil de chaîne. Ne tire pas trop : les fils de chaîne doivent rester parallèles.
Quand tu es arrivé au bout, tu as fait une deuxième passée. Deux passées (c’est-à-dire un aller-retour) = une « duite ». C’est la base du tissage !
« La tombée du métier » est le moment où on enlève la tapisserie désormais terminée. Une tapisserie peut être très grande, elle a donc été enroulée au fur et à mesure du tissage sur un rouleau au bas du métier qu’on appelle une « ensouple ».
8- Enlève le fil de chaîne du bas du métier et passe dans les boucles un petit bâtonnet. Tu pourras ainsi suspendre ta mini-tapisserie contre un mur.
9- Coupe les autres fils et noue-les deux par deux.
La tapisserie dite « de lice » ou « de lisse » est une technique très particulière. Tu as pu expérimenter le point le plus simple, la duite, mais il existe en fait beaucoup d’autres techniques pour tisser et réaliser des motifs.
Tu peux par exemple essayer de faire des rayures verticales. Pour cela, tu as deux solutions, le « relai » ou la « croisure ».
Les deux couleurs montent côte à côte sur le métier. Comme tu peux le voir, entre les deux couleurs, il y aura un trou dans le tissage. C’est ce trou qu’on appelle « relai ». Une fois la tapisserie finie, il faudra coudre ce relai avec un fil de laine et une aiguille.
La croisure permet de faire la même chose mais sans avoir de trou. Pour cela il suffit de faire en sorte que les deux couleurs terminent leur passée autour du même fil de chaîne.
Tu peux aussi t’essayer à créer un motif par ENLEVAGE, comme un triangle. Pour cela il suffit de réduire la longueur des duites au fur et à mesure du tissage : on tisse d’abord sur toute la largeur du métier, puis on laisse un fil de chaîne libre de chaque côté, puis deux, puis trois etc.
C’est ce qui s’appelle faire des LACHÉES.
On peut aussi tisser en diagonal. Par exemple : nous avons fait longer ici notre fil rouge le long du triangle vert. Pour cela, tu continues la technique du « dessus-dessous » mais en diagonal.
Dans la tapisserie de l’Apocalypse, les relais n’ont pas été cousus après la tombée du métier, comme cela se fait habituellement. Ils sont restés ouverts : ce sont les petits points noirs, ces trous, que l’on voit dans cette image autour des plumes qui composent les ailes d’un personnage. Cela permet de donner du relief aux motifs en faisant comme un contour noir (=un cerne) autour de chaque plume.
LE SAVIEZ-VOUS ?
L’inconvénient des relais laissés ouverts, c’est que cela fragilise la tapisserie. Une tapisserie est suspendue au mur : ça tire ! et c'est lourd ! Et parfois les relais se déchirent avec le temps...
Il existe en fait de multiples points parfois très techniques (les BATTAGES ou les HACHURES pour faire des dégradés de passage de couleur) et la tapisserie de l’Apocalypse utilise toute la complexité de cet art pour rendre des motifs très complexes et détaillés.
Dans cette scène appelée « le naufrage, le personnage semble être sous l’eau. Cela est rendu par l’utilisation de différentes nuances de bleus (=un « camaïeu »). Cette insertion de tout ce bleu se fait par battages, hachures mais aussi avec la technique du CHINÉ.
Le chiné est une technique qui se prépare avant le tissage : on crée un fil de laine qui mélange deux couleurs. Par exemple : si on crée un fil avec des brins de laine noire et des brins de laine blanche, on aura lors du tissage un effet de gris. Ici, mélanger des brins bleus avec les autres couleurs permet de donner cette impression de transparence, comme si le personnage était sous l’eau.
La tapisserie de l’Apocalypse a été tissée dans les ateliers de Robert Poisson, probablement à Paris. En plus des artisans qui tissent et qu'on appelle des "lissiers", il y a aussi un peintre à l’origine de la création de cette œuvre. Il s’appelle Jean de Bruges.
Jean a été chargé de faire les maquettes et cartons, ou « pourtraitures » comme on dit au Moyen Âge. C’est lui qui a imaginé le dessin et les couleurs de l’œuvre. Il a peint ce dessin sur un grand modèle et les artisans lissiers ont reproduit (=copier) le modèle du peintre par le tissage.
La tapisserie n’est donc pas l’œuvre d’un seul artiste mais d’un collectif, comme très souvent au Moyen Âge.
Etant donné la taille gigantesque de l'Apocalypse, il est probable que les lissiers travaillaient sur des métiers de 6 mètres de long qui nécessitaient donc la coordination d’environ 6 artisans sur la même pièce de tapisserie. Les fils sur le métier sont beaucoup plus serrés que ceux de notre mini-tapisserie. Nous avons monté une chaîne avec un fil tous les 1,5 cm : pour l’Apocalypse il y avait 1 fil de chaîne tous les 2mm : son tissage est donc plus fin ! Elle est aussi exceptionnelle car elle est « sans envers » (=réversible) car les lissiers ont caché tous les bouts des fils de trame à l’intérieur du tissage.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les lissiers sont souvent spécialisés : les plus expérimentés font les motifs difficiles à réaliser comme les visages, alors que les débutants réalisent les fonds.
Associe chaque mot à sa définition | ||||||
A | ENSOUPLE | 1 | Nom donné à l'ensemble des fils de couleur avec lesquels on tisse pour composer le motif | |||
B | LISSIER | 2 | Nom du grand rouleau situé en bas du métier à tisser et qui permet d'enrouler la tapisserie au fur et à mesure de l'avancement du tissage | |||
C | CHAÎNE | 3 | Nom donné à un aller-retour de tissage | |||
D | DUITE | 4 | Nom donné à l'ensemble des fils qui sont tendus sur le métier et constituent le support de tissage | |||
E | TRAME | 5 | Nom donné au vide laissé dans le tissage lors du passage d'une couleur à l'autre | |||
F | RELAI | 6 | Nom des artisans qui tissent sur les métiers à tisser |
Réponses : A2; B6; C4; D3; E1; F5
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