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Le château d’Angers est un drôle de zèbre… Avec ses grandes tours rayées de schiste et de calcaire, il ne ressemble à aucun autre ! Les bâtisseurs qui l’ont construit ont bien fait les choses : chaque tour est espacée de sa voisine par la même distance : tout est parfaitement calculé. Mais au Moyen Âge, il n’y a pas de double-décimètre ! En fait, notre système de mesure (les mètres, les centimètres…) n’existe pas encore. Comment faire alors pour mesurer ? Et au fait c’est quoi du « schiste » ? Découvre l’architecture du château et entre dans la peau d’un chef de chantier médiéval en réalisant un outil de mesure.
* REPONSE
Quand on n’a pas d’instrument de mesure, on peut mesurer avec son corps ! En mettant par exemple un pied devant l’autre, en faisant de grandes enjambées, en utilisant la largeur de son pouce…
Au Moyen Âge, ce sont les différentes parties du corps qui constituent le système de mesure. Mais comme tu as pu le constater, entre un corps grand et un corps petit les mesures trouvées ne sont pas les mêmes.
Il faut donc décider d’une seule personne sur le chantier qui servira d’unité de mesure pour tous. C’est en général le chef de chantier qui sert de modèle. Pour cela, les différentes mesures de son corps sont tracées sur un bâton que l’on appelle une « pige » ou « virga ». Ce bâton sera alors une sorte de règle unique pour tous les bâtisseurs du chantier.
LE POUCE > LA PAUME > LA PALME > L’EMPAN > LE PIED > LA COUDEE
La construction du château d’Angers s’est faite sur plusieurs siècles. Notre monument est donc un bon exemple pour observer l’évolution de l’architecture, et comprendre les fameux styles roman et gothique. Pour les différencier, le plus simple est de regarder les voûtes (= le plafond) ou les ouvertures en forme d’arc, comme les portes ou les fenêtres.
De l’époque romane, on peut observer au château un grand mur avec une porte sculptée. Cette porte est en « berceau » c’est-à-dire avec un arc de cercle parfait, comme un berceau à l’envers. Les pierres sont taillées de telle manière qu’elles s’emboîtent les unes dans les autres. La pierre située toute en haut et que l’on appelle « la clef de voûte » est celle qui permet de tout faire tenir en équilibre.
Pour que les voûtes des bâtiments ne s’effondrent pas, il faut aussi que les murs qui les soutiennent soient très solides. Ils sont donc souvent très épais, et les fenêtres ne peuvent pas être trop grandes : faire une fenêtre = percer un trou dans le mur = affaiblir le mur.
Mais les hommes du Moyen Âge qui bâtissent des églises, veulent faire entrer la lumière que l’on considère comme une représentation, une incarnation, de Dieu. Ils inventent alors un nouveau système de voûte qui permet d’alléger les pressions sur les murs : la voûte n’est plus toute ronde « en berceau », mais elle est brisée, avec un sommet pointu « qui pique ».
C’est le gothique !
Les deux parties ainsi constituées de la voûte s’appuient l’une sur l’autre et se soutiennent par l’équilibre des forces, ce qui enlève une partie du poids qui reposait auparavant sur les murs. Cela permet désormais de percer de grandes fenêtres décorées de verre coloré : les vitraux.
Levez les yeux, sous les voûtes de la chapelle
Outils Angers 360°
2 personnes se mettent face-à-face les bras levés. Les mains du joueur 1 touchent celles du joueur 2. Chaque joueur représente ainsi le mur d’un bâtiment, et leurs bras qui se rejoignent représentent la voûte brisée. Chacun laisse tout son poids tomber en avant. Si l’un des deux joueurs est plus lourd, tout le monde tombe et la voûte s’écroule. Si les poids sont équilibrés, ça tient tout seul ! Voilà ce qu’est l’équilibre des forces !
Admire les chantiers du Moyen Âge avec la BNFLe château d’Angers est aussi un exemple des différents matériaux utilisés au Moyen Âge en Anjou. Notre château est en pierre, mais au Moyen Âge on construit aussi beaucoup en bois.
Le schiste ardoisier est cette pierre grise et sombre, un peu bleutée, que l’on appelle « ardoise » quand elle est fendue en plaques pour la couverture des toits des maison.
Cette roche est présente sur place : la falaise sur laquelle le château est construit est constituée de schiste. C’est le schiste que l’on a extrait (= enlevé) lors du creusement des fossés qui a été utilisé pour construire l’enceinte et les tours.
Le schiste est une pierre très dure et résistante et sa couleur donne au château un air menaçant. Cela est très important car la première défense d’un château est son aspect visuel pour faire peur aux ennemis.
La pierre blanche est une pierre calcaire : c’est le tuffeau. Au contraire du schiste, c’est une pierre très tendre. On peut la découper avec une scie pour en faire de beaux blocs réguliers, et on peut la sculpter pour décorer les façades avec des frises végétalisées, des gargouilles, des visages…
C’est alors cette pierre que les seigneurs vont choisir pour la construction des bâtiments dans lesquels ils vivent et qui sont à l’intérieur de l’enceinte (le logis, la chapelle). Elle a en plus une couleur noble : elle est blanche. C'est la couleur des rois.
Angers est située à la frontière entre deux zones géologiques différentes : vers l'Ouest, le massif armoricain présente des sols constitués de roches très dures et métamorphiques, comme le schiste ou le granit, issus du refroidissement du magma. A l'Est, le bassin parisien présente des sols aux roches sédimentaires, comme les calcaires, famille de roches à laquelle appartient le tuffeau.
Les roches sédimentaires sont la concrétion de millions d'organismes vivants fossilisés et témoignent de la présence ancienne de mers ou d'océans.
Le tuffeau ne se trouve pas sous nos pieds : il vient de la région de Saumur, à l'Est d'Angers. Il faut donc faire venir cette pierre jusqu’au château, et cela se faisait par bateau.
Le schiste, quant à lui, vient des fossés qui entourent le château. Mais pas seulement : on a certainement complété avec du schiste provenant de carrières toutes proches, comme celles de l'actuel étang Saint-Nicolas.
1. Accède à la carte : quel chemin navigable va emprunter le tuffeau pour arriver jusqu'au château ? Retrace son parcours depuis Saumur jusqu'à Angers et identifie les cours d'eau qu'il emprunte ainsi que leur nature (fleuve ou rivière) !
2. A l'aide de la carte, retrouve aussi l'ancienne carrière de schiste devenu étang Saint-Nicolas.
Indice : ces anciennes carrières ont été remplies d'eau au XIXe siècle, formant une sorte d'étang. Cette zone est aujourd'hui le poumon vert de la ville d'Angers.
La Maine est une rivière qui n'a pas de source ! Impossible ? C'est en fait parce qu'elle commence à porter ce nom à partir de la confluence de la Sarthe et de la Mayenne.
Si on suit la logique qui veut qu'un cours d'eau garde le nom de son affluent le plus important en débit d'eau, elle aurait en fait dû s'appeler "Mayenne". C'est probablement une évolution du mot de "Mayenne"/"Maine" qui explique ce changement de nom sur une portion du parcours de la rivière. Ce n'est donc pas vraiment la rivière la plus courte de France comme on peut parfois le lire...
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