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Confinés d'un autre temps

atelier de gravure et d'encrage sur pâte à sel

Ce que nous appelons aujourd’hui le château d’Angers n’a pas toujours été un château… Savais-tu que pendant de longs siècles, alors que princes et damoiselles l’ont quitté, il sert de prison ? Espoirs, peurs, raisons de leur enfermement, souvenirs de leur vie quotidienne… Tous ces confinés d’une autre époque ont laissé des traces de leur passage en gravant textes et dessins sur les murs du château. Et si toi aussi tu gravais tes émotions ?

✐ Le tuto'

Ce tuto' est aussi téléchargeable en version PDF pour l'impression.

 

Objectifs

  • Découvrir l’histoire du château avant le château
  • Ecrire / Dessiner
  • Imaginer
  • Exercer sa motricité

 

Matériel

  • De la pâte à sel (eau, farine, sel)
  • Des ustensiles pour graver : fourchettes, couteau, cuillère, crayons…
  • 4 à 7 feuilles A4 si on veut imprimer le support livret
  • (De la peinture et des pinceaux)
  • (1 feuille de papier)

Pas à Pas

 

ÉTAPE 1 : LA PÂTE A SEL

2 mesures de farine 
1 mesure de sel fin 
1 mesure d’eau tiède

Mélanger tous les ingrédients dans un récipient avec une spatule ou une cuillère puis malaxer avec les mains. La pâte à sel doit former une boule et ne pas coller aux doigts. Si elle colle, ajouter de la farine.

 

ÉTAPE 2 : LA GRAVURE

  • A l’aide de tes mains ou d’un rouleau, aplatis une boule de pâte à sel pour créer un disque épais.
  • A l’aide d’ustensiles, de crayons… grave des dessins ou des messages. Nous te conseillons de graver par pression des ustensiles sur la pâte, et non en « griffant » la pâte. 
    Ex : la pression d’une fourchette dessinera des petits traits qui peuvent permettre de dessiner de l’herbe, la pression d’une mine de stylo dessine un rond, le bout arrondi du manche d’une fourchette ou d’une cuillère peu permettre de dessiner un arc de cercle etc.

Si tu veux t’arrêter là : cuis ta pâte à sel 1h au four à 100°C et garde-la comme une trace historique du confinement. 

Si tu veux continuer : suis l’étape 3.

 

ÉTAPE 3 : L'IMPRESSION

  • Sur la pâte à sel non-cuite, applique au doigt ou au pinceau une fine couche de peinture de la couleur de ton choix. Si tu utilises une peinture un peu épaisse comme de la gouache, nous conseillons de la diluer un peu pour avoir une texture qui se rapproche de l’encre. Si la peinture est trop épaisse, elle va combler les creux de ta gravure et l’impression ne pourra pas se faire correctement.
  • Applique ta feuille de papier délicatement sur la pâte à sel peinte
  • Frotte le dos de la feuille sans écraser la pâte à sel pour faire prendre l’empreinte
  • Tu n’as plus qu’à faire sécher l’empreinte de ta gravure !
  • atelier de gravure et d'encrage sur pâte à sel

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🦉 Les histoires de Lulu

Pas d'oubliettes, mais des fillettes !

Qui dit forteresse médiévale dit oubliettes ? Rien de cela au château d’Angers ! On sait que le roi René avait un prisonnier dans le château, mais nous n’avons aucune autre information sur ce dernier.

 L'histoire du château-prison commence sous Louis XI, le roi de France qui récupéra le château après le départ du roi René. On dit de ce roi qu’il était très cruel et on pense qu’il avait une « fillette » dans le logis royal du château… « Fillette » est le nom que l’on donne aux boulets accrochés au cou ou aux jambes des prisonniers. 

Louis XI n’habite pas dans le château d’Angers : il se sert de cet endroit pour stocker des armes et abriter des soldats. Le château n’est donc plus un lieu de vie avec des princes, des dames, des artistes et il va progressivement servir uniquement de prison.

Vue en contre-plongée de la porte des champs, depuis le fond des fossés. Entre les deux tours qui encadrent la porte, à plusieurs mètres de hauteur, on aperçoit la herse. Le pont qui permettait autrefois de la rejoindre a aujourd’hui disparu.
La Porte des champs et sa herse vues depuis l’extérieur du château.

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

Des prisonniers très différents les uns des autres

Jusqu’à ce que soit construite la prison d'Angers, c'est le château qui sert de prison départementale. 

Différents types de prisonniers ont été enfermés au château au fil des siècles : des Protestants qui refusaient de se convertir à la religion catholique, des dragons (= des soldats) du roi qui avaient commis des crimes, des ouvriers rebelles, des voleurs, et même des “insensés furieux”, c’est-à-dire des personnes victimes de maladies psychiatriques... 

Tous ces prisonniers sont gardés dans divers endroits du château : le logis, les tours, la chapelle, les anciennes casemates d’artillerie qui servaient aux canons... 

Ces prisonniers qui ont vécu à différentes époques n’ont pas tous eu des conditions de vie confortables ni décentes. Celui qui fut le mieux logé est aussi le prisonnier le plus célèbre du château : Nicolas Fouquet. 

Une porte en bois équipée d'un guichet est entrouverte. Elle laisse apercevoir une grande pièce voûtée avec deux grandes ouvertures dans le fond.
Casemate supérieur et sa porte à guichet. Cet espace créé au XVIe siècle pour accueillir des canons est réaffecté au XIXe siècle pour servir de prison.

© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux

Nicolas Fouquet était un ministre du roi Louis XIV (le roi de Versailles). Un autre ministre jaloux de lui, Colbert, intrigue auprès de Louis XIV our avoir les faveurs du roi.

 Louis XIV accuse son ministre d’avoir volé dans les caisses de l’Etat. Il profite d’un voyage dans la ville de Nantes pour faire arrêter Nicolas Fouquet par le célèbre mousquetaire D’Artagnan qui l’escorte jusqu’à Angers ! 

À cette époque le château est une prison royale qui ne reçoit que des prisonniers d’Etat, comme la Bastille à Paris. Nicolas Fouquet est gardé dans le logis du gouverneur. Il vit dans une pièce confortablement meublée et a même un valet.

portrait en médaillon d'un homme habillé de noir
Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des Finances. Lacretelle Edouard (1817-1900). Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon

© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux

Ohé, Ohé, matelots !

Dans les années 1770, le château est un lieu d’enfermement pour des prisonniers de guerre : des marins anglais de la Royal Navy ! La guerre dont on parle est la guerre d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique contre l'Angleterre. 

Le roi de France Louis XVI est du côté des Américains. Les Français participent alors à des batailles navales contre les Anglais qui font de nombreux prisonniers. Il y en a tellement, que les villes du bord de mer n'ont plus de places pour les accueillir ! On en emmène alors certains jusqu’à Angers. 

tableau représentant une bataille navale
Episode du siège de Yorktown, combat naval devant la baie Chesapeake, entre les flottes françaises et anglaises, le 3 septembre 1781. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon

© Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

Les officiers (=les chefs) sont gardés en ville, chez l’habitant, et ont donc une certaine liberté. Pour les matelots, c’est une autre histoire...

Les matelots étaient enfermés dans les tours du château et dans la chapelle. Ils étaient plus de 500 dans la chapelle grâce à une architecture en bois de plus de 10 mètres de haut qui permettait de suspendre des hamacs. 

La vie des prisonniers est très réglée : ils sont organisés en groupe pour les corvées, car ils doivent eux-mêmes entretenir leur cellule. Ils n’ont le droit qu’à 2h de sortie par jour dans la cour du château. Ils sont enfermés le reste du temps, et sans chandelle, par crainte des incendies. 

Ils sont en revanche nourris et soignés car leur santé est importante pour permettre de les échanger contre des prisonniers français. Chaque matelot reçoit par jour environ 700g de pain, 250g de viande, une portion de pois ou de fève, un peu de beurre et de sel, de l’eau et une chopine de vin.

Intérieur de la chapelle saint jean baptiste. La maçonnerie de tuffeau donne un aspect très clair et les grandes baies baignent de lumière la nef unique au chevet plat
Intérieur de la chapelle du château.

© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux

vue surplombante sur la ville, les toits d'ardoises, les flèches de la cathédrale et en avant-plan les tours du château

Une évasion ratée

Nous n’avons connaissance d’aucune évasion de matelots du château, mais on sait en revanche qu’un officier gardé en ville, rue Saint-Michel, profita de la naïveté d’un Angevin pour s’échapper... Le 3 décembre 1779, Philippe Le Couteur, officier originaire de l’île de Jersey, réussit à convaincre Monsieur Rollac, un habitant de la rue de la Poissonnerie, de l’aider à rejoindre Paris. Il assure à Monsieur Rollac que lui et ses amis possèdent tous des passeports et le droit de quitter Angers, ce qui est un mensonge. Les fuyards seront finalement dénoncés et Philippe Le Couteur sera alors enfermé au château avec les matelots, perdant le peu de liberté dont il profitait en étant gardé chez l'habitant...

JEU

Te voilà enfermé à ton tour dans les cachots du château ! Retrouve vite la sortie !

Je m'évade !
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Les graffitis

Les marins anglais, comme beaucoup d’autres prisonniers, ont laissé des graffitis (des textes ou des dessins) gravés sur les murs de leur cellule. Les prisonniers gravent leurs espoirs (une porte pour s’évader…), leurs peurs (la potence qui parfois les attend…), la raison de leur présence (« c’est pour être punis que nous sommes ici »), mais aussi leur vie quotidienne d’avant la prison. 

Les marins anglais nous ont par exemple laissé des dessins sur les murs du château : on peut encore admirer aujourd’hui des bateaux, des ancres et même le portrait d’un marin avec sa pipe, son catogan et son tricorne !

bateau gravé dans le tuffeau. On peut vor ses grands voiles et ses canonnières
Bateau du XVIIIe siècle gravé dans le tuffeau dans la tour n°13.

© Jean-Pierre Delagarde / Centre des monuments nationaux

Le dossier thématique

Les moments chouettes : des activités, des jeux et des défis... pour tous !

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